Article original paru chez Les Echos le 14 juin 2023 à 11:37 et rédigé par Clotilde Briard

Dans un sujet aussi complexe que celui de la réindustrialisation, des acteurs comme Doudou et Compagnie illustrent bien les enjeux du secteur et les pistes suivies pour contourner les obstacles afin de relocaliser dans l'Hexagone une partie de la production.

Certaines initiatives qui pourraient rester de l'ordre professionnel prennent des valeurs de symbole grand public. Comme la création en cours par la Fédération française des industries Jouet-Puériculture d'une commission spécifique pour l'industrie française. Une manière d'indiquer que la fabrication chez nous, là où elle est possible, fait l'objet de toutes les attentions. Et que les entreprises qui se lancent dans l'aventure ont plus que jamais besoin d'échanger entre elles.

« La réindustrialisation dans le jouet frémit en France. D'autant que la fabrication locale sensibilise plus les consommateurs dans l'Hexagone que dans d'autres pays », constate Florent Leroux, le président de la filière. Il souligne cependant la diversité des catégories.

Multiples obstacles

« Certaines productions peuvent facilement s'automatiser. Mais d'autres, comme les poupées ou les figurines, nécessitent énormément de main-d'oeuvre, ce qui rend l'évolution difficile », remarque t-il. Dans tous les cas, la production sur notre sol s'accorde surtout bien avec les produits les plus haut de gamme.

Ces obstacles, s'ils ne simplifient pas la vie des industriels, ne les empêchent pas d'évoluer. Doudou et Compagnie, l'une des sociétés qui fabriquent la mascotte de Paris 2024, fait partie des exemples emblématiques. Alain Joly, son patron, connaît très bien les évolutions industrielles du monde du jouet. Il a créé l'entreprise en 1975 avec ses parents. Et a été contraint, en 1999, à renoncer à la fabrication hexagonale pour assurer la pérennité de l'entreprise. Mais il n'a pas jeté complètement l'éponge. Même avec la complexité de la fabrication d'un ours.

« Nous n'avons jamais perdu notre ADN de fabricant et la maîtrise du savoir-faire », se félicite Alain Joly. A la place précieusement conservée en interne de la R&D se sont ajoutées la reprise en 2019 de l'atelier breton de Maïlou puis l'attribution de la licence pour fabriquer la mascotte des JO 2024 qui comptabilise quelque 39 morceaux à assembler.

Montée en puissance

Aujourd'hui, 500 de ces « phryges » en peluche articulées, une spécificité, sortent chaque jour de l'usine de La Guerche-de-Bretagne avec, en ligne de mire, la possibilité d'un millier de produits quotidiens. A terme, l'entreprise de peluches, qui ouvrira une école de formation sur son site, vise environ 10 % de sa fabrication chez nous. « Nous allons monter en gamme. Les plus jeunes veulent une consommation plus durable », remarque Alain Joly.

Doudou et Compagnie n'est pas le seul à avoir mis en oeuvre une relocalisation. Sentosphère a ouvert l'an dernier une ligne de fabrication de puzzles. Smoby avait aussi annoncé en fin d'année dernière l'agrandissement à venir de son usine d'Arinthod dans le Jura. Mais le clin d'oeil qui amuse Alain Joly chez Doudou et Compagnie, c'est que la fameuse mascotte des JO 2024 avec son estampille made in France sera aussi vendue en Chine.

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